• La contractuelle

     Dans l’équipe d’un musée, il y a deux catégories de personnes. D’une part, il y a les gens adoubés par la République parce que lauréats d’un concours (ou embauchés car encartés ou bien en cheville avec l’Elu). Ceux-là sont nobles et s’octroient le droit, encouragés par l’idéologie CFGT, de mépriser tout ce qui ne leur ressemble pas. D’autre part, il y a les contractuels. La première catégorie méprise donc la seconde.

    Dans mon équipe, que je n’ai pas encore présentée dans sa totalité, existait un être extraordinaire dont on m’avait dit en débarquant dans la Fonction Publique Territoriale :

    -         « Tu verras, ça existe »

    Cette personne était UNE contractuelle. Oui, dans la FPT, on ne dit pas que Madame est contractuelle mais bien c’est une contractuelle afin que l’on distingue bien cet être des autres.

    Avant mon arrivée et sans avoir pris connaissance du Code du Travail et du Respect de l’Autre, la Mairie avait déjà établi une dizaine de CDD à cette dame qui n’avait pas d’autre choix que d’accepter puisque l’attendaient des trucs qu’on appelle dans la vie ordinaire : précarité, pauvreté et chômage. Dans le but de nourrir sa famille, la contractuelle acceptait sans rechigner les missions que souffrait de lui confier la DRH -Direction pour la Réanimation et la Hantise des agent- pour des durées qui variaient entre une demi-journée et quelques mois.

    Les missions de la contractuelle étaient mal définies, même pas définies du tout par pure convenance. Sa seule mission : bosser à la place des titulaires absents pour des raisons diverses (bras qui marche plus, picole surhumaine, pas envie d’bosser..etc). La DRH, en harmonie avec les agents titulaires et s’en s’être concertés, avaient mis en place une flexibilité dont continue à rêver le MEDEF. La contractuelle débarquait sous l’insistance des agents surchargées par le boulot que personne n’osait leur confier dans le souci qu’il ne fut pas bien réalisé. Ses tâches étaient très diverses : un jour à la bibliothèque, un autre à l’accueil, un troisième au secrétariat, un quatrième à travailler sur les animations avec les gamins. En à peine une semaine, la contractuelle avait fait le tour d’un service qu’elle avait compris et avait même fait preuve d’esprit d’initiative. Cette entreprise personnelle fut aussi sa fin comme le relate le dialogue surpris entre deux agents :

    -         « Pas titulaire, elle fait des choses ême pas inscrites dans les missions ».

        -         « Ouais, c’est vrai, et si ça continue on s’ra obligés de faire comme elle !»

    Fort heureusement, la DRH, avec le soutien des agents qui s’y étaient manifestées sans m’en informer, a stoppé la contractuelle dans son élan de zèle en lui demandant de regagner dare-dare sa chaumière dès sa mission terminée.

    Quelques semaines plus tard, lors d’une réunion bidon (réunion de service) avec la DGA -Directrice Groggy Anesthésiée- celle-ci épanchât son soulagement à cause de la contractuelle qui avait commencé à faire se poser quelques questions parmi les agents.

    -         « Mais qu’a-t-elle fait pour s’attirer les foudres de ses collègues à ce point ? »

          -        « Elle a bossé…. ».

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  • Commentaires

    1
    fanchb
    Mardi 27 Juillet 2010 à 21:31

    J'ai subi la dure loi des titulaires...

    J'ai bossé pendant 6 ans pour une grande école et a force sont arrivés à me mettre dehors...

    Pourtant grâce à ma participation, un service a doublé ses résultats durant 6 ans... Mais j'étais trop cher pour la direction (0.8 smic)... Remplacé par une relation du nouveau directeur...

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