•  Ma première journée dans la Fonction Publique Territoriale remonte à juillet 2003, jour où la DGA en charge de la culture s'est justement déchargée avec soulagement de ce muséum qui trônait sur sa colline. Bel équipement auquel, au départ, avait été promis au moins 80.000 visiteurs et qui plafonnait à moins de 10.000 par an. Chaque jour, depuis le départ du précédent conservateur (à la suite d'une pétition de « ses » agents), la DGA (Directrice Groggy Anesthésiée) apercevait le muséum et était soudainement parcourue de frissons à l'idée que l'un des agents cloisonnés là-haut l'appelle pour régler un dilemme de couleur de PQ ou de copier-coller sur Word.

    Lorsque la DGA m'introduisît auprès de l'agent présente ce jour-là, il me fut immédiatement asséné la première question, la seule qui vaille dans la tête d'un agent, l'unique qui va déterminer définitivement l'image que je laisserai dans le service :

    -         « C'est quand que vous prenez vos vacances ? »

    J'avais dépassé le seuil de porte d'environ un mètre, pas davantage et cette question me fut soumise après les salutations d'usage. Tout de même, faut pas exagérer.

    -         « Eeeeuuuuh, mais, je viens d'arriver ! ».

    -         « Quoi, mais vous prenez pas de vacances ? »

    Pour elle, ma non réponse fut soupçonneuse et terrible et me rangeait irrémédiablement parmi les chefs exploiteurs anti lutte des classes qui se rendaient coupables de harcèlement moral rien que par le fait de leur présence.

    Pourtant, cet agent m'avait été présenté comme la perle du service. Ce jour de juillet 2003, les autres étant absentes, j'attendais donc le lendemain patiemment pour découvrir le reste de l'équipe. Et puisque je n'avais qu'une perle, devais-je comprendre que les autres étaient des huîtres.... ?????

    Ma première fois, mon First Contact, avec la Fonction Publique étaient donc un peu loupés. C'était une première fois et j'espérais que je saurai m'y prendre mieux la seconde. Remarquez, je l'avais cherché et n'aurais pas dû répondre correctement et avec justesse à une question totalement absurde. Mea culpa !

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  •  Qui dit musée, dit aussi « gestion de son personnel » ! Mais ce que personne ne dit, ce que tout le monde cache comme la vérité sur la mort de Napoléon ou l'existence des extra-terrestres, c'est que le musée est généralement un placard géant pour agents refoulés dont la Collectivité a honte et qu'elle ne veut surtout plus exposer au public pour protéger sa vraie-fausse image dynamique. En les rangeant dans un musée comme dernier recours, son jeune et enthousiaste responsable ne se doute pas un instant du cadeau empoisonné qui lui est fait.

    - La DRH (la Direction pour la Réanimation et la Hantise des agents) : « On t'envoie Eliane, fais-lui faire ce que tu peux ! »

    - Le Conservateur (pour l'avenir et par économie limitons-nous au simple acronyme « Con » = Conservateur Obéissant et Naïf) : « Que sait-elle faire, d'où vient-elle, de quel service et qu'a-t-elle fait pour débarquer dans un musée ? Et puis, je n'ai besoin de personne, j'ai déjà sept agents !» .

    - La DRH : « C'est une personne courageuse qui a connu des difficultés dans son parcours mais a toujours fait montre d'une abnégation résolue pour retrouver la bonne voie sur laquelle nous l'encourageons avec constance».

    C'est une règle élémentaire dans la Fonction Publique : d'une manière générale, plus la DRH est élogieuse à l'égard d'un agent, plus le piège et le mensonge collectif sont gros. Le jeune Con ne se doute pas du bateau dans lequel il a embarqué croyant être venu pour conserver des collections et se retrouvant à garder des agents en voie de fossilisation, le cerveau déjà entièrement minéralisé, en tous cas la portion réservée à la compréhension des missions professionnelles. Il ne se doute pas que ces agents sont bien moins naïfs que lui et qu'au premier faux-pas, plainte, complaintes et pétitions appuyées par des syndicats s'accumuleront dans son dos. Et oui, c'est important : les agents sont tous syndiqués, bel alibi pour leur permettre d'être protégés par les représentants de la Lutte Finale et les rendant suffisamment intelligents pour savoir bâillonner la Direction générale qui ne veut surtout pas, surtout pas, de mouvement social grâce à un chantage silencieux reposant sur la peur du Maire et du débauchage collectif à la prochaine élection !

    A l'arrivée de Eliane dans mon musée, petit dame affable aux cheveux blancs et aux allures de grand-mère gâteau, la première rencontre se fait dans le bureau pour lui souhaiter la bienvenue, lui présenter l'équipe et lui expliquer le fonctionnement du service. Eliane ne dit aucun mot, excepté :

    - « J'ai pas l'droit de m'servir d‘mon bras gauche, c'est le médecin du travail qui dit... ! »

    Le service, elle s'en fout ; quant à l'équipe, tout le monde se connaît déjà et se congratule de ces retrouvailles inespérées. Forcément, ces agents, à force de stagner dans leur collectivité, se sont déjà côtoyés dans d'autres services où ils ont laissé des souvenirs qui pour eux sont des actes légendaires et pour les autres, ceux qui travaillent, sont des histoires comiques que l'on sa raconte autour d'un café tout en souhaitant du courage au Con.

    Eliane ne sait pas faire de conservation, et ne veut pas en faire. Eliane ne se souvient pas de sa table de multiplication de 1 ; je ne peux donc pas la mettre en contact avec des enfants au risque qu'elle ruine 10 ans de travail homérique de l'Education Nationale. Eliane ne veut pas surveiller les salles (« c'est ennuyeux ! ») et ça je le conçois. Eliane, à cause de son bras gauche, ne peut pas participer au montage des expos. En revanche, Eliane peut utiliser son bras droit pour téléphoner. Et ça tombe bien puisque Eliane est droitière !!!

    Un soir, le Con sort de son musée que ses agents ont déserté depuis plus de deux heures. Il va « aux commissions » et tombe sur Eliane chargée comme une mule à transporter des paquets de lessive, de litière pour chat et autres boîtes de conserves. Heureusement, Eliane a retrouvé l'usage de son bras malade ! Pour cela, je lui témoigne mon bonheur devant ce miracle. Eliane, loin d'être conne après avoir passé des années à se triturer le bulbe pour imaginer des subterfuges la dispensant de travailler, sent le danger grâce à son sixième sens de tir-au-flanc. Mais sa diversion s'effrite. Pour se défendre, elle répond ........... qu'elle n'est « pas au boulot et que, par conséquent, elle a le droit en dehors des heures de travail d'utiliser son bras !! »

    De mon côté, je me rends compte que je suis définitivement con. Je n'avais pas prévu cet argument imparable. Effectivement, lors d'un rendez-vous bidon hebdomadaire, comprendre une réunion de service avec la Direction générale, je fais état de ma découverte fortuite auprès de ma supérieure hiérarchique, la DGA (Directrice Groggy Anesthésiée) responsable du service LECULCROC en charge des Loisirs, de l'Enfance, de la Culture et de la gestion des Crotinnettes pour Chiens. Loin de s'en étonner, la DGA s'offusque.... et c'est tout !

    Cher Con, bienvenue dans le monde de la Fonction Publique Territoriale!



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  •  D’un point de vue démocratique, la discussion sur la place publique plutôt que sur un comptoir de bar est préférable. En matière de création de musée, ou de réhabilitation, nous doutons fortement de la pertinence d’un référendum.

    Prenons exemple sur le Musée Soulages à Rodez. Natif de la capitale du Rouergue, Pierre Soulages est l’un des artistes français, sinon le seul, connu et reconnu véritablement à l’étranger. Passons sur les raisons du vide artistique français au-delà des frontières françaises, qui tiennent surtout à la faiblesse de la représentation de l’Art contemporain dans ce pays.

    La Communauté d’Agglomération de Rodez , par l’intermédiaire de son président Marc Censi, a souhaité qu’un musée rende hommage à cet artiste. Avec difficulté, Censi parvient à rassembler une majorité autour du projet qui décide, par vote communautaire, de lancer les études de faisabilité, de programmation et, finalement, le concours architectural.

    On le sait, la population locale, quelle que soit la région, est souvent hostile à ce genre de projet jugé loufoque, onéreux, dispendieux. Le bon sens populaire exige que l’on réserve  l’argent publique à d’autres destinées plus matérielles et concrètes. Or, nous sommes en plein élection municipale et Régine Taussat, investie par l’UMP pour conquérir la mairie de Rodez et encore adjointe pour quelques jours à Marc Censi, a proposé très opportunément que la population soit consultée après avoir pris part au vote qui entérina la construction du musée en 2006. Il va de soi que cette résolution signe l’arrêt de décès du Musée Soulages. Populisme quand tu nous tiens, nous te révérons comme un Dieu pour que tu nous apportes les voix des bonnes gens et assure notre élection. Encore que, s’il faut supplier l’avis des Ruthénois, il sera nécessaire et légitime de s’enquérir de celui des Français (l’Etat va financer la projet), mais aussi de celui de la région (le Conseil Régional de Midi-Pyrénées prend sa part) et enfin de celui des Européens des 27 pays de l’Union. Il faut pousser la logique jusqu’au bout chère Régine Taussat ! Au final, le référendum demandée par Taussat coûtera plus chère que le Musée !

    Plus la France comptera de musées, et plus l’éducation progressera. Il est temps de trouver des moyens de transmission du savoir différents des médias habituels qui assujettissent et distillent une culture bas de gamme. Encore faut-il que ces musées soient opportunément positionnés, construits, mis en scène ; mais, nous traiterons cette questions dans une autre contribution en livrant quelques exemples d’échecs.

    Pour ce qui concerne le Musée Soulages, dans ces conditions, il y a peu de chances qu’il voie le jour. Rappelons l’histoire des vitraux de l’Abbatiale de Conques. La majorité des Conquois refusait cette idée que des vitraux religieux pussent être remplacés par des objets d’art contemporain signés  Pierre Soulages. Malgré l’opposition frontale, les vitraux de Soulages furent mis en place. Aujourd’hui, l’Abbatiale est aussi populaire pour son architecture que ses vitraux et le village profite de la visite d’environ 400.000 touristes par an. Oui, nous savons que le tourisme existait déjà avant l’installation des vitraux de Soulages, mais ceux-ci ne l’ont pourtant pas étouffé !

    Faut-il demander l’avis aux Ruthénois et communes attenantes pour le Musée Soulages ? Nous ne croyons pas car en matière de culture, la courage doit toujours être là pour forcer et bousculer les mentalités. Sans cela, nous serions encore à regarder les tableaux de la galerie au Louvre consacrée aux peintres français du XIXème siècle.

    Quant à nous, l’art de Pierre Soulages nous est étranger, voire abscons. Néanmoins, nous souhaitons que le Musée Soulages soit construit car l’art va de pair avec le courage mais aussi avec la tolérance.

    Pour que la pilule ne perfore pas les intestins aveyronnais, nous proposons que l’organisation administrative des musées ruthénois soit revue. Tous les établissements devraient être placés sous la responsabilité d’un directeur unique qui aura en charge la gestion administrative, budgétaire et culturelle des établissements. Les responsables de chaque musée appliqueront les directives votées en conseil communautaire sur proposition du directeur culturel.

    Le Projet Soulages masque des échecs dus à la volonté de rois locaux. C’est une spécialité nationale, chaque élu français voulant SON musée à lui tout seul. Parmi les exemples glorieux, nous en choisirons un, ou deux, ou trois….


    PS : Christian Teyssèdres, du PS, a gagné Rodez dès le 1er tour des élections municipales. Lors de sa déclaration de victoire, il a avancé que le Musée Soulages serait un atout pour les Ruthénois. Il s'est donc engagé à aller au bout du projet. Des retouches sont à envisager tout de même. Teyssèdres va être tenté de laisser sa marque dans cette opération de prestige culturel. Quoi qu'il en soit, Régine Taussat n'aura pas été servie par sa démagogie "jeanpierreperneauiste". Une leçon à retenir pour la prochaine fois !


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  • Pour t'ouvrir l'esprit et éviter de confronter la culture de TF1, celle dans laquelle tu te prélasses lassivement avec facilité et complaisance. Arrivant de Paris, tu devrais comprendre la nécessité des musées en milieu rural, appauvri par la fuite des services publics et l'éloignement des grands centres urbains plus généreux en activités culturelles et de loisirs. Regarde bien cette vidéo Coconne, elle te concerne au second degré. C'est une question de salubrité cérébrale pour que ton esprit ne s'étrille pas trop avec le temps et la sécheresse de tes pensées !


    Coconne au musée !



     Tout cela à cause, ou plutôt pour une dame dont le verbiage « jeanpierreperneauiste » qui s'agglutinait sur son espace d‘expression bozoulais (de la commune de Bozouls en Aveyron) a enchanté notre attention. Sur ce blog existe un amoncellement de lieux-communs vomitifs impossibles à traduire avec des mots simples tant Coconne, c'est le petit nom que nous lui avons attribué, volait déjà bas, le nez dans les pissenlits, la croupe altière au garde-à-vous et battue par les vents descendant de l'Aubrac.

    Prosaïquement, Coconne dénonce publiquement, à la mode de TF1, les excès de culture dans le monde rural « que les gens y s'en foutent parce que ce qu'ils préfèrent c'est qu'on fasse des choses pour nous qui paye ». Voici donc résumée la pensée de Coconne à ordonnancer entre l'éponge et l'amibe. Coconne a son univers et nous allons continuer à explorer cet enchantement anthropologique bucolique qui étreint le bulbe de notre innocente.

    Notre blog ouvert exclusivement en réaction existe pour défendre les activités culturelles, surtout en domaine rural, où, nous le concevons, les priorités sont parfois ailleurs. Toutefois, la ruralité ne doit pas rimer avec vulgarité, médiocrité ou tout bonnement absence. Autant dans l'espace rural que dans le monde urbain, la culture est signe d'éducation, de savoir, de partage des connaissances. Notre Coconne a omis cet aspect car elle reste en surface sans sortir la tête de son ordinaire quotidien à se remplir les feuilles avec des shoots mélangeant les chansons de l'imputrescible Johnny. Notre achoppement a débuté sur la question du Projet Soulages à Rodez, ville où devrait être construit un musée consacré à cet artiste. Face à nos arguments défendant ce projet, Coconne n'a plus souhaité échanger, a fermé son blog à quelques contributeurs, dont ce pauvre serviteur qui écrit et qui n'avait qu'un désir : échanger avec Coconne qui, pourtant, n'a pas édité notre réponse mais a dénigré ouvertement le débat mélangeant la faim dans le monde et la création de musées. Coconne a tout mêlé et depuis, silence radio...

    Oui, Coconne, tu le détestes mais souhaitons que le Musée Soulages, programmé à Rodez, voit le jour. Certes tu n'iras pas tous les jours, ni tous les ans, mais tes enfants le fréquenteront certainement lors d'une sortie scolaire. Grâce à ce musée, tes enfants auront peut-être une corde artistique caressée par la beauté des œuvres qui fera écho au soulagement de ne plus avoir à supporter la Star Academy que tu vénères. Mais Coconne ne le comprend pas. Coconne, tout ce qu'elle veut, ce sont des routes « pour aller aux commissions » ou bien le gavage financier d'une police de proximité qui lui permettra de ne plus craindre pour sa vie (« qu'est-ce qu'ils nous y montrent à la télé, c'est TF1 qui dit que c'est dangereux! ») ou bien une superbe Salle des Fêtes pour y organiser des aligots-géants. Notre Coconne est gentille, innocente. Plus qu'ordinaire, Coconne est banale, sans surprise, lisse et creuse à la fois.

    Puisque ce blog est une réaction au défi d'inintelligence lancé par Coconne, nous continuerons à lire ses articles et, s'il le faut, à y répondre. Coconne en Guest-Star-Academy !!!!

    Meilhac



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