• De l’inutilité du Cabinet

     Les jeux de mots sont aussi faciles qu’avérés : du Cabinet n’en sortent que des bruits de chiotte. L’entrée en matière (...) est rude et pourtant rien ne peut résumer mieux que cet aphorisme l’ampleur de l’inactivité intellectuelle et la qualité piteuse des idées qui jaillissent de l’écurie politique du Maire.

    Pour entrer au Cabinet et intégrer la jeune garde du Maire, il faut surtout se persuader d'un destin, ou du moins se l’imaginer. Mais, avant tout, avoir un diplôme généralement en Sciences Po. Sinon, un diplôme de l’ENA fera l’affaire encore que ceux-là débaroulent directement dans une sous-préfecture rurale pour soutenir un sous-préfet vermoulu. Celui sortant de Sciences Po, que ce soit de la Sorbonne, de l’Université du Creusot III ou de Montluçon II, ira s’aguerrir dans une mairie de quelques dizaines de milliers d’âmes perdues ou vendues. Sa mission principale consistera à « valider » les affiches préparées par le Service Communication, l’organe de presse chargé de préparer le bulletin communal dans lequel le Maire aura sa tronche sur chaque page ou presque. Ensuite que fait-il d’autre ? Rien ! La seconde partie de sa mission consiste à ne rien faire ou plutôt à tenter de dissimuler son inertie perpétuelle par des agitations durant lesquelles il fera passer un coup de fil ou demandera un rapport sur le fonctionnement d’un service afin de maintenir une pression professionnelle déjà inexistante et pour laquelle personne n’est vraiment dupe. Bin ouais, on est dans la Fonction Publique Territoriale et faut pas se la jouer cadre sup' dynamique !

    Surtout, la distraction principale des membres du Cabinet est de contrecarrer volontairement le DGS, voire de l’humilier, toujours en public afin de lui faire sentir que ce sont les seuls décisionnaires car ils ont l'oreille du Maître. Aussi, en réunion lorsque cette fine et jeune fleur politique est présente, le DGS adopte une attitude différente, rentre sa tête entre les épaules, avale la salive qu'il n'a plus et attend poliment pour prendre la parole que l'un des deux glandus la lui accorde. Heckel et Jeckel adorent avilir et faire se prosterner  le DGS jusqu’à l’amener au bord de l’humiliation devant un pourtour d’agents étonnés tous aussi pétrifiés. Le chef suprême de l’administration locale sait qu’il est observé, jaugé, étudié et jugé et que tous ses mots et gestes seront rapportés au Maire par les deux corbeaux. Concluons en affirmant que les mignons sont là pour tenir en laisse le DGS à la demande du Maire dont la lâcheté des actes est proportionnelle à son absence.

    Le Cabinet est généralement composé de deux personnes : le Chef de Cabinet et l’Assistant, parfois d’un chargé de mission tout aussi inutile sauf à dilapider le fric de la Collectivité. Les deux premiers sont nécessairement encartés ou affichent de très promptes sympathies, souvent d’usage et de circonstance, pour le Maire qui les amènent à faire coller des affiches par les agents tout autant encartés des services techniques. La véritable mission de cette élite est d’apprêter la réélection du Maire en prenant soin de faire semblant de ne pas interférer dans les affaires courantes. Ils y parviennent rarement. Avant tout parce qu’ils ne comprennent pas le fonctionnement des services, s'en tapent totalement, et utilisent leur temps de cerveau disponible à vomir sur tout ce qui les dépasse. Ensuite parce que ces deux joyaux d’inutilité relaient avec la même délicatesse qu’un Chinois manifestant de la tendresse à un tibétain en grève de la faim, toutes les demandes des laquais du Maire. Pour ce faire, ils passent eux-mêmes des appels et négocient perpétuellement avec les directeurs et chefs de service des passe-droits illégaux et pourtant demandés, voire exigés, par d'anciens élus ou amis du Parti. Ainsi, un coup de fil peut être passé en provenance du Cabinet. En général, si le message est relevé par un agent, l’effroi l'assaille et il vous accroche la voix sèche et vacillante comme si la Faucheuse frappait à la porte du musée :

    -         « C’est le Cabinet ! »

    -         ou encore « Le Cabinet a appelé, il faut que vous rappeliez tout de suite ! »

    Quel est l’avenir de ces latrines mystérieuses et inutiles entretenues par un argent public dépensé sans condition ? L’Assistant continuera son apprentissage politique en servant de porte-serviette à une candidate pour la Présidence élyséenne. Quant au Chef de Cabinet, il poursuivra sa carrière en récurant les mouches qui ponctuent les chiottes de son Pépère si celui-ci attrape un mandat supplémentaire, à la faveur des électeurs complaisants je le consens.

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 11 Mai 2008 à 17:47

    Sans compter les diverses primes et avantages officieux que les chiottards récupèrent et qui en font les agents les mieux rémunérés de la collectivité...Burk! Une délégation de glands part à l'étranger et une des chiottardes se fait carrément payer 1 semaine de plus + billet décalé car elle a envie de visiter...merci les impôts!

    2
    Meilhac Profil de Meilhac
    Mardi 10 Juin 2008 à 14:23
    A quoi servirait le pouvoir si on ne pouvait pas le transformer en privilèges ?
    Quelques années à observer les chiottards du cabinet montant la garde près du bureau du maire comme Rantanplan au pied de Lucky Luke (sauf que, personnellement, je respecte profondément Rantanplan). Et à chaque coup d'oeil jeté dans la direction du cabinet, observer l'inaction et écouter le vide de la pensée. Même les pires agents glandouillards des Services techniques sont plus intéressants et surtout drôles à regarder !
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