• C’est quoi un Elu à la culture ?

    C’est quoi un Elu à la culture ?
    Alors, d'une façon générale, un Elu est au départ une personne ordinaire de la vie civile qui, dès le mandat attribué par le maire, se transforme en Monsieur « Je-connais-tout-parce-que-je-sais-mieux-que-n-importe-qui-grâce-à-mon-mandat ! ». Pour faire court, l'Elu est Monsieur Vérité Divine... bien que sa connerie puisse être souillée d'une dimension tout autant céleste dont Il perd conscience. Notez que ce doit être pour cela qu'il existe, au sein de la Fonction Publique Territoriale, des formations pour comprendre la psychologie de l'Elu !

    Quel que soit le projet, Il sait ce qui est nécessaire. De ce fait, Son opinion est parole co(s)mique qu'il est inutile de contredire avec des arguments factuels. Ce portrait est valable pour une grande majorité d'élus.

    Le mien d'Elu, je ne le voyais pas ou presque et faisait partie d'une sous-catégorie : les élus  qui sont absents (comprenez, ceux qui s'en foutent). Complètement désintéressé par ce petit service culturel qui ne payait pas de mine et n'emmerdait personne à l'exception des agents remisés qui y squattaient, mon Elu me rencontrait accidentellement lors des vernissages (objets d'un prochain post) durant lesquels il était en service commandé pour remplacer un autre absent : le maire. Lors de ces rencontres devant la haute société communale, une heure avant l'inauguration l'Elu réclamait une note sur l'objet de l'expo, l'auteur, l'artiste, le titre, bref tout ce qu'il fallait savoir et ce pour quoi il ne s'était jamais passionné et qui malgré tout le ferait se pâmer publiquement de passion soudaine pour le travail d'une personne dont il se fout.

    En revanche, l'Elu savait défendre ardemment, et même violemment son dada à lui sur lequel il était intarissable : le théâtre qui avait toutes sa faveurs. Les dossiers, l'argent, les millions d'euros étaient protégés par les bienfaits et interventions en haut-lieu de l'Elu. Le directeur du théâtre lui-même appelait l'Elu par son prénom, et ornementait son statut social de cette complicité à peine voilée pour ne pas éveiller les soupçons auprès de ses collègues de la culture pas si ingénus ("
    dans "ingénu", y'a "génie", comme dans ingénieur aussi, et "in", c'est quand y'en a pas", Angela in Loft Story 2).

    Ainsi, le soir de l'inauguration du théâtre, la première pièce programmée par le directeur et son pote l'Elu a permis de découvrir un spectacle qui débutait par une danse de filles nues talquées. Il fallait bien être tombé dans la poudre et l'avoir sniffée pour programmer  cette danse de topinambours cocaïnomanes. Peu après, apparaissait un samouraï de type limougeaud gambadant comme un cabri à la poursuite des nymphes qui se réfugièrent sur des cordes de pompiers. Tout cela dura près de deux heures et en espagnol sans sous-tirages. Finalement, et nous étions beaucoup à n'attendre que ça, la représentation se terminât. Le maire et l'Elu montèrent sur scène pour remercier la troupe et le metteur en scène qui offrait ce « théâtre novateur » (= théâtre auquel on ne bite rien !). A la fin de la représentation, j'eus honte pour l'Elu. La pièce terminée, et puisque personne ne saisissait rien, le public hésita à applaudir, en fait il ne savait pas s'il fallait le faire et retenait très poliment son enthousiasme. Ainsi, dix à quinze seconde se sont écoulées entre la fin de la représentation et le début des acclamations polies. Je fus sincèrement gêné pour les acteurs.

    Pour ma part, ce soir-là je compris deux choses. Sous de violentes décharges d'hormones et en voyant les filles nues, l'Elu vibrait d'une tension mal contenue à l'image d'un teckel en rut. Rien de moins banal : en fait j'apprenais que Lui-même faisait partie de la troupe et saisissais mieux les millions d'euros pour Sa cohorte de junkies.

    Je compris aussi que,
    même accablé par le spectacle, il ne fallait surtout pas se lever avant tout le monde pour filer à l'anglaise car il y a toujours un photographe de la presse locale embusqué dans la pénombre.... C'est pour cette raison que le lendemain, je me retrouvais en première page du journal le plus lu avec ma trogne ébahie par le flash accompagnée du sous-titre suivant : « Ouverture du théâtre : une standing ovation et un public conquis » !!

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