•  Les motivations d’une DRH doivent être en symbiose avec celles du Maire. Nécessité habile si le chef de la DRH veut garder sa place, il doit adhérer au management très objectif et magnanime de son Maître qui ne juge les agents que sur leurs compétences et aptitudes…. de colleurs d’affiches (et lécheurs de pompes s’il reste de la salive). Cette obligation est salubre et valable car l’objectif de Maître est d’atteindre le stade ultime du Nirvana de la vie en collectivité en terme d’entente humaine, de plénitude économique, de qualité environnementale, pour tous les électeurs citoyens.


    Ainsi, la DRH a des missions qui empêcheront toutes les velléités extérieures de contrecarrer le dessein de Maître dont l’action sur les consciences est géographiquement limitée aux couloirs de la Mairie. La DRH se plie :

    -     A acheter écouter les syndicats aux dépens des chefs et directeurs de service (« Faut pas déconner, y paraît qui y’en a qui veulent torturer les agents en leur apprenant de mauvaises manières qui consistent à….. travailler » et la DRH ne pourrait tolérer cette pratique).

    -    A protéger écouter les agents, tous de bonne volonté et unis dans la lutte pour atteindre l’Olympe du fonctionnaire conscient de son statut, c’est-à-dire un état d’inaction et de plénitude morale le mettant définitivement à l’écart de tous risques professionnels (avec l’appui des syndicats compatissants bien sûr)

    -   A recadrer les chefs et directeurs de service qui auraient tenté et même envisageraient à un moment ou un autre de recourir à la participation d’un agent alors que ce dernier ne se sent pas d’apporter son concours à l’œuvre publique (« bref, y veut pas bosser ! »).

    Voici donc les missions professionnelles d’une DRH.


    L’une des collectivités que j’ai côtoyées avait pour principe de base d’accorder ses deux oreilles, son sonotone, son micro, son porte-voix à n’importe quel agent, seul ou groupé, et ce quelles que furent les conditions dans lesquelles la cheville ouvrière du Service public bavait ses doléances puis salivait à l’idée d’avoir la peau de l’esclavagiste chef de service irrespectueux des acquis professionnels qui permettent toujours à un agent de se mettre en maladie (avec la complaisance d’un médecin) quand il sent poindre la velléité d’une demande de la part de ce même chef aussi irresponsable que naïf. Les lettres de dénonciation anonymes et les pétitions étaient bien sûr les documents de liaison les plus appréciés par la DRH. Ainsi, pour juger le travail d’un directeur de service, la DRH s’appuyait sur les pétitions qu’elle recevait régulièrement plutôt que sur les rapports rédigés vainement par les cadres à qui elle réclamait pourtant des notes sur les agents coupable d'un écart ou abus. Précision : selon cette collectivité, un abus était atteint lorsqu’un agent s’effondrait ivre mort devant des usagers. S’il se rétamait seul ou devant ses collègues, l’indulgence, la compréhension et l’écoute étaient alors de mise (avec cure de désintox payée par la collectivité en sus).

    L’une de ces plaintes visait une directrice pointée par les agents de son service, eux-mêmes écrasés par la charge de travail qui les contraignait à partir systématiquement plus tôt tant la fatigue les cisaillait, et qui décidèrent de concert de porter plainte, anonymement bien sûr. Le motif de cette plainte : harcèlement moral. Le bon vieux harcèlement moral passe-partout et utilisé par les fausses victimes alors que les vraies restent cloîtrées derrière une muraille d’inconsidération et de mépris.

    Le Maire apprenant cette nouvelle se désolidarisa rapidement de la directrice qu’il avait pourtant reçue pour lui assurer son soutien. Ben ouais, les camarades de campagne appuyaient la démarche des agents anonymes et ça, Maître, toujours très courageux (c’est un z’élu !) l‘avait omis. Toute la direction générale fit de même. Le Z’Elu en charge du service décampa et coupa sa ligne téléphonique… La directrice se retrouva esseulée à devoir témoigner devant un tribunal, un avocat à sa charge. Le juge, amusé, mit rapidement fin à la mascarade après qu’un policier eut compris que l’agent qui avait fomenté tout cela avait des antécédents… négatifs (restons sobre) du côté d’un organe qui se trouve dans le crâne et dont la molesse de la gelée cérébrale entravait la capacité de réflexion et de concentration.

    Depuis cet épisode, cette directrice traumatisée revit l’épisode judiciaire et se voit refourguer toute la crème tombée du camion impossible à recaser ailleurs.

    Chers Français, vos Z’Elus sont un peu comme ça : un mélange de couardise avec un zest d’inconscience et de désinvolture à l’égard des chefs et directeurs de service. En revanche, derrière chaque agent se cache un électeur qui parlera du bon Maître à toute sa famille. L’équation est simple :

    Electeurs + [(syndicats x Agents) - (Directeurs + chefs de service)]
    = élection acquise

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  •  Dans un musée, il est quelques moments forts, dramatiques, haletants. Presque intéressants. Difficilement concevable, celui de la visite de la commission de sécurité est l’un de ceux-là.

    Très irrégulièrement dans le temps, un pompier, un policier, un z’élu, un mec de la Préfecture aussi ampoulé qu’encravaté, un représentant des Services techniques affublés de ses suivants débarquent avec des cahiers sur lesquels il faudra cocher des cases. L’addition des croix et des ronds permettra d’attribuer ou non un avis favorable dont le Maire ne tiendra de toutes façons pas compte.

    Ce jour-là, pas de chance pour nous : fait presque aussi rare que la visite de la Commission de Sécurité, nous avions des visiteurs. Un groupe exclusivement composé de grabataires, parkinsoniens et autres shakers appareillés sur pattes rabougries. De quoi songer sérieusement à installer une antenne médicale de campagne dans la cour du musée.

    Après les salutations de faux usage entre les membres de la commission, plus personne ne se souvenait des basses qualités des uns et des autres car, comme chez le proctologue, on n’y fait pas attention et on attend que ça  passe. La visite de la Commission débuta aussi poliment que silencieusement. Sauf pour un. Alerte comme une fouine cocaïnomane, le chef des pompiers enclencha son regard fureteur de James Bond trahissant qu’il piaffait d’entrer en action. Il prit possession des lieux tel un chien renifleur à la recherche de victimes après un séisme. Sauf que le musée était encore debout si l’on exceptait les croulants qui, au bout d’une demi-heure, entamaient déjà la troisième marche de l’escalier.

    De suite, le pompier releva malignement, à l’image du personnage campé par Daniel Prévost dans le Dîner de Cons, les imperfections et irrégularités en y puisant un flot de satisfactions personnelles jubilatoires. Sa jouissance était amplifiée par les mouvements de tête approbatifs et mécaniques du gars de la Préfecture que la nature avait oublié en lui donnant le regard du personnage de Jacques Villeret (même film), le talent comique en moins. A mon tour je me faisais un plaisir de lui faire remarquer que ses observations relevaient d’aménagements réalisés trois ans auparavant juste après sa dernière visite et lui montrais son dernier rapport. Peu lui importait, le plaisir du pompier intransigeant ne devait pas être polluer par un emmerdeur contradictoire qui défaisait ce qui avait déjà été préconisé et qui avait requis la dilapidation de l’argent public.

    Mais la visite de la commission connait toujours un sommet. Un pic d’émotions. Cette troupe de galonnés se retrouvait vite en manque de pimpon. Il leur fallait leur dose d’alarme pour qu’ils se sentent mieux. Le pompier, toujours lui mais avec le soutien du policier, demanda à entendre la sonnerie d’alarme au feu. Quatre-vingt décibels giclant entre les murs d’une bâtisse séculaire et accessoirement dans les feuilles de mes vieillards handicapés, ça fait très mal, mais il fallait vite un pimpon, une sirène, une alarme, une dose d’adrénaline. Bien qu’il existait un signal lumineux notifiant le déclenchement silencieux de l’alarme, la cohorte de la commission insista pour entendre le pimpon à la manière d’enfants exigeant fiévreusement la dernière création anti-artistique de la daube adolescente star-académicienne.

    J’essayais de maintenir ma position pour épargner une alarme agressive à mon groupe d’handicapés essoufflés. En vain, je demandais donc à deux agents de prévenir les responsables valides du groupe du branle-bas sonore martial qui allait être déchaîné volontairement.

    Tout excité, le pompier arracha une feuille de papier et dégaina un briquet. L’alarme, vérifiée deux jours avant par l’installateur lors d’un contrôle routinier, se déclencha sèchement. Satisfait, le pompier cocha vite la case pour se languir dans une pose voluptueuse à l’écoute de ce qui était pour lui une symphonie mélodieuse. Un brouhaha éléphantesque et des cris de panique perturbèrent son extase. Le groupe dévalait l’escalier. Un des membres chuta, un autre eut un vrai malaise de panique et dut être porté dans les bras d’un accompagnateur. Pas assez pour entamer définitivement la béatitude religieuse du pompier pour qui ce bordel prouvait que l’alarme fonctionnait bien et tenait son rôle. Tout de même un peu vexé après que je lui eu dit, « avec retenue » (comme dit notre Président aux Chinois), mes méditations spontanées à l’égard de ses méthodes, le pompier se ravisa en réenclenchant son œil fouineur pour déterrer une irrégularité omise qui lui permettrait de se venger de ces handicapés briseurs de magnificence musicale et perturbateurs de sa petite jouissance.

    Quelques semaines plus tard, le rapport préconisait la fermeture du musée. Comme prévu, le Maire s’en foutait. Pour le coup, un z’élu, quel qu’il soit, a parfois de bonnes décisions. Mêmes si elles sont involontaires.


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  •  Les jeux de mots sont aussi faciles qu’avérés : du Cabinet n’en sortent que des bruits de chiotte. L’entrée en matière (...) est rude et pourtant rien ne peut résumer mieux que cet aphorisme l’ampleur de l’inactivité intellectuelle et la qualité piteuse des idées qui jaillissent de l’écurie politique du Maire.

    Pour entrer au Cabinet et intégrer la jeune garde du Maire, il faut surtout se persuader d'un destin, ou du moins se l’imaginer. Mais, avant tout, avoir un diplôme généralement en Sciences Po. Sinon, un diplôme de l’ENA fera l’affaire encore que ceux-là débaroulent directement dans une sous-préfecture rurale pour soutenir un sous-préfet vermoulu. Celui sortant de Sciences Po, que ce soit de la Sorbonne, de l’Université du Creusot III ou de Montluçon II, ira s’aguerrir dans une mairie de quelques dizaines de milliers d’âmes perdues ou vendues. Sa mission principale consistera à « valider » les affiches préparées par le Service Communication, l’organe de presse chargé de préparer le bulletin communal dans lequel le Maire aura sa tronche sur chaque page ou presque. Ensuite que fait-il d’autre ? Rien ! La seconde partie de sa mission consiste à ne rien faire ou plutôt à tenter de dissimuler son inertie perpétuelle par des agitations durant lesquelles il fera passer un coup de fil ou demandera un rapport sur le fonctionnement d’un service afin de maintenir une pression professionnelle déjà inexistante et pour laquelle personne n’est vraiment dupe. Bin ouais, on est dans la Fonction Publique Territoriale et faut pas se la jouer cadre sup' dynamique !

    Surtout, la distraction principale des membres du Cabinet est de contrecarrer volontairement le DGS, voire de l’humilier, toujours en public afin de lui faire sentir que ce sont les seuls décisionnaires car ils ont l'oreille du Maître. Aussi, en réunion lorsque cette fine et jeune fleur politique est présente, le DGS adopte une attitude différente, rentre sa tête entre les épaules, avale la salive qu'il n'a plus et attend poliment pour prendre la parole que l'un des deux glandus la lui accorde. Heckel et Jeckel adorent avilir et faire se prosterner  le DGS jusqu’à l’amener au bord de l’humiliation devant un pourtour d’agents étonnés tous aussi pétrifiés. Le chef suprême de l’administration locale sait qu’il est observé, jaugé, étudié et jugé et que tous ses mots et gestes seront rapportés au Maire par les deux corbeaux. Concluons en affirmant que les mignons sont là pour tenir en laisse le DGS à la demande du Maire dont la lâcheté des actes est proportionnelle à son absence.

    Le Cabinet est généralement composé de deux personnes : le Chef de Cabinet et l’Assistant, parfois d’un chargé de mission tout aussi inutile sauf à dilapider le fric de la Collectivité. Les deux premiers sont nécessairement encartés ou affichent de très promptes sympathies, souvent d’usage et de circonstance, pour le Maire qui les amènent à faire coller des affiches par les agents tout autant encartés des services techniques. La véritable mission de cette élite est d’apprêter la réélection du Maire en prenant soin de faire semblant de ne pas interférer dans les affaires courantes. Ils y parviennent rarement. Avant tout parce qu’ils ne comprennent pas le fonctionnement des services, s'en tapent totalement, et utilisent leur temps de cerveau disponible à vomir sur tout ce qui les dépasse. Ensuite parce que ces deux joyaux d’inutilité relaient avec la même délicatesse qu’un Chinois manifestant de la tendresse à un tibétain en grève de la faim, toutes les demandes des laquais du Maire. Pour ce faire, ils passent eux-mêmes des appels et négocient perpétuellement avec les directeurs et chefs de service des passe-droits illégaux et pourtant demandés, voire exigés, par d'anciens élus ou amis du Parti. Ainsi, un coup de fil peut être passé en provenance du Cabinet. En général, si le message est relevé par un agent, l’effroi l'assaille et il vous accroche la voix sèche et vacillante comme si la Faucheuse frappait à la porte du musée :

    -         « C’est le Cabinet ! »

    -         ou encore « Le Cabinet a appelé, il faut que vous rappeliez tout de suite ! »

    Quel est l’avenir de ces latrines mystérieuses et inutiles entretenues par un argent public dépensé sans condition ? L’Assistant continuera son apprentissage politique en servant de porte-serviette à une candidate pour la Présidence élyséenne. Quant au Chef de Cabinet, il poursuivra sa carrière en récurant les mouches qui ponctuent les chiottes de son Pépère si celui-ci attrape un mandat supplémentaire, à la faveur des électeurs complaisants je le consens.

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  •  Dans la Fonction Publique Territoriale, une équipe est toujours composée des présents et des absents (la proportion étant respectivement de 2/3 pour 1/3). La mienne ne pouvait pas faire  exception. La seule différence résidait dans la qualité des absents. L’un de ceux-là illuminait le musée par la pénurie d’idées que son départ avait laissé au sein de l’équipe devenue orpheline.

    Ce Messie était incarné par Aline une agent trapue tatouée CGDT au look masculin assumé (55 ans selon une datation, cheveux blonds platine courts, lunettes rondes, bouche pincée, frange capillaire d’un joueur de foot des années 80 et boucles d’oreilles artisanales mi indiennes mi déglinguées). Les autres agents attendaient, espéraient le retour de maladie de l’incarnation locale de la lutte anti-patronale. Aussi, Aline m’avait été annoncé comme une menace, une héroïne vengeresse qui allait remettre de l’ordre dans ce service qui était opportunément resté sans responsable (donc coupable !) pendant six mois et qui dénoncerait tout haut les velléités scandaleuses du jeune Trouduc de conservateur de faire fonctionner un musée à la dérive. Cette période fastueuse avait été paradisiaque pour l’équipe : plus de chef de service, plus besoin d’ouvrir le musée même si des visiteurs stationnaient devant la porte  (j’en ai fait l’expérience avant de me présenter à l’entretien qui allait décider de mon avenir dans ce musée), permission syndicale et même obligation d’utiliser le téléphone strictement pour l’usage personnel,…etc.

    Toutefois, Aline était encore en souffrance. Son visage trahissait un état d’esprit asthénique, brisé par plus de 30 années de lutte, deux cures de dés-alcoolisation, six dépressions, un zeste de schizophrénie, une  dépendance affective à l’égard de sa mère, de l’anxiété à travailler et bien sûr deux tentatives de suicide la faisant entrer dans le club super select des suicidaires assumées du musée (3 sur une équipe de 7, heureusement pour un taux de mortalité de 0). A son arrivée, les présentations furent expédiées puisque Aline n’écoutât pas mon mot de bienvenue et de présentation. En passant à côté de moi (à une distance de 10 cm sans daigner me regarder), Aline alla directement en salle de pause, c’est-à-dire discuter dans le bureau de la Perle, qui se trouvait dans un état de bénédiction similaire à celui de Bernadette (Chirac ou Soubirous, c’est pareil !), afin de récupérer de l’effort qui l’avait contrainte à se lever pour venir travailler. Aline dévoilait donc peu d’ambitions professionnelles et assumait son choix en venant régulièrement, en qualité de porte-bonne-parole, représenter l’équipe dans le but unique de me demander de justifier la torture que j’imposais. Pour revendiquer, Aline avait deux phrases déversées avec le même air accablé et qu’elle avait apprises par cœur à l’école syndicale :

    1)      - « Mais, pourquoi est-ce que vous faite cela ? »

    2)      – « Pourquoi êtes-vous comme cela ? »

    Les réponses étaient évidentes et irrémédiablement identiques 

    1)      – « Bin, parce qu’on a un service à faire tourner ! »

    2)      – « Bin, pour qu’on bosse tous à cause du service qui doit tourner !».

    Excusez le défaut d’originalité de mes réponses mais je ne savais vraiment pas quoi dire sur le moment !

    Aline me signifia savamment plusieurs fois, alors qu’elle surveillait le bon fonctionnement des gonds de la porte d’entrée sur sa propre initiative, qu’il n’était pas question que la situation empira davantage. Cela ne pouvait plus durer. Rapidement, elle se mettrait en contact avec la chef du syndicat, sa copine de lutte, pour mener une action. Mais avant, Aline préféra, comme notre président, prendre de la hauteur et partir s’imprégner de sa fonction syndicale en optant pour un congés maladie accordé par son médecin. Aline repartît donc pendant un mois pour se soigner. Mais avant, elle annonça qu’elle prendrait deux semaines de vacances supplémentaires à la suite de sa guérison.

    Au moins, j’avais compris une chose : que je ne pouvais surtout pas confier à Aline l’organisation des plannings de l’équipe.

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